Page:Monselet - La Franc-maçonnerie des femmes, 1861.djvu/131

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Il le ramassa le plus délicatement qu’il lui fut possible.

— Qu’est-ce que cela ? fit-il.

— Pardine ! vous le voyez bien, c’est une enveloppe de lettre.

— Oui, c’est une enveloppe : À Mademoiselle Pandore, rue Saint-Georges, 27.

— Ah çà ! s’écria la domestique en riant, est-ce que vous allez souvent venir fouiller dans noter ménage ? Si cela vous amuse de déchiffrer les paperasses, tenez, il y en a plein un panier derrière la porte.

— Le cachet est singulier, dit le comte qui tournait et retournait l’enveloppe : un essaim d’abeilles frappant au visage un imprudent, avec ces mots : « Toutes pour une, une pour toutes. »

— Tiens ! je n’avais pas remarqué cela, dit Fanny en regardant à son tour.

— Tu sais donc quand est arrivée cette lettre ?

— Oui, il y a une heure environ.

— Qui est-ce qui l’a apportée ?

— Une femme.

— Une femme ?

— Elle était déjà venue deux fois hier ; elle ne voulait remettre cette lettre qu’à madame elle-même.

— Diable ! murmura le comte ; et, ce matin…

— Ce matin, je l’ai introduite auprès de madame.

— Qu’est-ce qu’elles se sont dit ?

— Je l’ignore, car madame m’a immédiatement ordonné de me retirer.

— Sotte ! à ton âge, tu ne sais pas encore écouter aux serrures ?

— Monsieur le comte, je suis honnête.

Il haussa les épaules et regarda de nouveau le cachet de l’enveloppe qu’il tenait toujours à la main.

— « Toutes pour une, une pour toutes », répéta-t-il ; qu’est-ce que cela peut signifier ?

Le son d’un timbre parti de la chambre à coucher de Pandore interrompit sa méditation.

— C’est madame qui sonne, dit la petite domestique.