Page:Monselet - La Franc-maçonnerie des femmes, 1861.djvu/139

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— Résumez.

— Je vous dirai que M. Beyle a toutes les qualités et tous les défauts. En un mot, c’est un homme complet. Conséquemment il faut se défier de lui.

Pandore ne répliqua pas. Elle réfléchissait. Son front, où d’ordinaire on ne lisait que les joies ou les contrariétés insignifiantes de la vie facile, s’était couvert d’une ombre sérieuse. Ses lèvres étaient serrées. Tout à coup elle se leva. Elle avait pris une décision.

— M. le comte, dit-elle avec un accent indéfinissable, m’aimez-vous réellement ?

Le comte d’Ingrande, saisi à l’improviste par cette interrogation et pressentant un orage, ne put trouver autre chose que l’exclamation usitée en pareille circonstance :

— Si je vous aime !

— Dans ce cas, continua Pandore, cela est fâcheux pour vous, car, moi, je ne vous aime pas.

— Je le sais, soupira le comte.

— Et je ne vous aimerez jamais.

— Oh ! Pandore !

— Jamais !

Le comte passa la main sur son front. Pandore fit deux ou trois fois le tour de la chambre, comme pour lui laisser le temps de se remettre de ce coup. Ensuite, elle revint se poser devant lui.

— Et je vous prie, en outre, monsieur le comte, d’avoir à cesser vos visites.

— Hein ?

Il regarda vivement autour de lui, secoua les oreilles ; et ses yeux agrandis se fixèrent, sans comprendre, sur Pandore.

— Cesser… mes… visites ?

— Oui.

— Ah ! ah ! ah ! fit-il en essayant de rire ; je comprends… c’est une nouvelle plaisanterie… Bon ! bon !

Mais Pandore demeurait silencieuse.

— Non, ce n’est pas une plaisanterie, monsieur le comte ;