Page:Monselet - La Franc-maçonnerie des femmes, 1861.djvu/166

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

« Ou bien : — Après tout, elle est amusante !

« Je te serre les mains, mon cher Léopold, et je t’envie le bonheur calme dont tu jouis, et que tu mérites si bien. »


« 25 octobre.


« Pandore a voulu me faire un cadeau. Il a quelques jours, elle a envoyé chez moi un joli petit pupitre en bois de rose, rehaussé à tous ses angles d’ornements en cuivre, meuble mignon sur lequel se griffonnent d’habitude les billets doux, et rempli de mystérieux tiroirs fabriqués exprès pour receler des boucles de cheveux, des portraits en médaillons, des violettes desséchées.

« — Mettez-y ce que vous avez de plus précieux, m’a-t-elle dit en venant m’apporter les clefs elle-même.

« J’y ai mis mon argent.

« Cette opération, à laquelle d’ailleurs je n’ai procédé qu’au milieu de la plus parfaite solitude, a été pour moi la source d’une foule de méditations contristantes. C’est que, depuis trois mois, mes quatre-vingt mille francs ont reçu des brèches furieuses. Le souffle des fantaisies de Pandore a dispersé dans l’air une partie de ces petits papiers chiffonnés dont je te parlais l’autre jour en poète lyrique plutôt qu’en calculateur. Il est temps que j’avise à préserver le reste. Mais quel ennui, et surtout quel ridicule ! Me vois-tu, moi, mon cher, Léopold, à la recherche du meilleur placement, consultant les notaires, lisant les prospectus des entreprises, comme M. Gogo.

« Quoi qu’il en soit, mes fonds (mes fonds !) seront mieux placés partout ailleurs que chez moi ; cela est de toute évidence.

« J’ai projeté avec Pandore, pour demain, une promenade aux alentours de Paris ; les beaux jours touchent à leur fin, c’est un adieu que nous voulons faire à l’automne. Est-ce que, dans ma précédente lettre, je ne te disais pas beaucoup