Page:Monselet - La Franc-maçonnerie des femmes, 1861.djvu/213

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avec sa mère ! Son sourire rafraîchit l’âme, sa voix est une consolation. Je l’aime… à en devenir poète !

— Elle se plaint de ne pas vous voir.

— Vraiment ? dit le comte en qui se peignait la joie la plus franche ; ce n’est pas ma faute. La comtesse et moi, nous ne hantons pas les mêmes salons ; cela se conçoit du reste. Quelquefois cependant, grâce à Mme de Pressigny, cette excellente parente, il m’a été donné de rencontrer Amélie à la dérobée ; mes plus chers souvenirs sont ceux que j’ai gardés de ces courts moments. Ah ! vous êtes heureux, vous, d’avoir ma fille, et de pouvoir la voir à votre gré !

— À mon gré ? répéta Philippe.

— Du moins, les salons où elle va ne vous sont pas interdits, comme à moi.

— Non, mais la plupart ne me sont point ouverts ; cela revient au même.

— Je vous les ouvrirai ! s’écria le comte d’Ingrande.

Philippe Beyle eut un mouvement de surprise.

— À votre âge, on doit aimer les réunions, la musique ; reprit le comte.

— Tant de bienveillance…

— Tenez, voulez-vous faire plaisir à un père ? voulez-vous me faire plaisir ?

— Parlez !

— Eh bien, il y a dans quelques jours une fête à l’hôtel du duc d’Havré. Amélie et sa mère y seront, j’en ai la certitude. Il faut que vous y alliez.

— Monsieur le comte…

— Je vous en prie ; vous me parlerez d’elle au retour ; vous me direz qu’elle était sa toilette, si elle a dansé, quels hommages elle a reçus ; vous me raconterez ma fille, enfin.

— Mais je ne suis pas invité, dit Philippe.

— Je vous aurai une invitation.

Philippe était de plus en plus interdit. Le comte se leva pour rentrer dans le salon principal.

— Monsieur le comte, une question encore, dit Philippe.

— Laquelle ?