Page:Monselet - La Franc-maçonnerie des femmes, 1861.djvu/234

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« Le lendemain matin, le patron de barque Barille, demeurant au lieu dit Endoume, quartier et revers de Notre-Dame-de-la-Garde, venait déclarer à la justice qu’une jeune dame s’était précipitée dans la Méditerranée, et que son corps n’avait pu être repêché, malgré tous les efforts qu’il avait faits en plongeant.

« Une visite domiciliaire eut lieu à l’hôtel de Provence ; des papiers brûlés remplissaient la chambre de Marianna et témoignaient de sa funeste résolution. La pauvre cantatrice n’aura pas eu la force de supporter ses derniers chagrins ; elle aura cherché dans le suicide un repos, un changement de souffrance. L’art perd en elle une interprète éloquente, et notre association une sœur fidèle et dévouée. »

Cet événement, qui brisait la chaîne de Philippe Beyle, devint le signal définitif de sa période ascendante. Le tribunal féminin que nous avons seulement fait entrevoir et que nous allons bientôt dévoiler tout à fait, ce tribunal, que ne liait plus la haine d’une des siennes, changea absolument de tactique envers lui, sur l’ordre de sa présidente. Le mal fut réparé et remplacé par le bien. Celles d’entre les femmes qui s’étaient montrées les plus hostiles vis-à-vis de Philippe, celles qui l’avaient le plus décrié, celles qui l’avaient le plus desservi, furent justement celles qui se dévouèrent le mieux à sa défense et à sa protection. La revanche fut éclatante. De tous côtés plurent sur lui les emplois et les honneurs, à la grande surprise du comte d’Ingrande, son autre protecteur, qui trouvait quelquefois sa besogne toute faite, et à qui les frais de sollicitation étaient merveilleusement épargnés.

Ce fut ainsi qu’à la suite d’un changement de ministère, Philippe Beyle fut nommé au secrétariat général des affaires étrangères et porté pour la croix quelque temps après. Son mariage avec Mlle d’Ingrande fut dès lors décidé.

La comtesse, qui avait longtemps résisté et qui même avait manifesté l’intention de convoquer une assemblée de famille, dut céder devant une menace suprême de son mari. Le comte avait des propriétés voisines de celles de sa femme : il ne se