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CHAPITRE XVII

La famille Baliveau


La famille Baliveau occupait une maison sur le Jard. Le Jard est la principale promenade d’Épernay : une place avec des arbres et fermée par un petit parapet circulaire en pierre ; ce que dans d’autres villes on appelle le Mail.

Modeste négociant en vins, Étienne Baliveau, âgé de cinquante ans environ, était un de ces véritables esclaves de l’honneur commercial, dont la tradition est heureusement encore vivace et forte en France. Humble Caton de comptoir, il de fût sûrement planté son canif dans le cœur le jour où il eût vu sa signature livrée aux hontes du protêt.

Casematé dans ses registres, il n’avait jamais laissé voir sur sa physionomie le moindre signe de satisfaction lorsqu’il réalisait des bénéfices, ni la moindre trace d’inquiétude lorsqu’il éprouvait des mécomptes. Sa femme avait employé vingt-cinq années de tendresse à essayer de pénétrer dans les mystères de sa situation. Il l’adorait ; mais quand elle lui faisait une demande relative à ses affaires, il lui répondait impitoyablement :