Page:Monselet - La Franc-maçonnerie des femmes, 1861.djvu/287

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— Que ces fourrures me donnent à vos yeux l’air d’un original ?

— Pas le moins du monde.

On se rappellera peut-être que la grande préoccupation de M. Blanchard était d’échapper au reproche d’originalité.

— Hum ! vous n’êtes pas sincère, dit-il à Philippe.

— Je vous assure…

— Ou bien alors c’est vous qui êtes un original, en ne vous habillant pas comme moi.

— Cela pourrait bien être, monsieur Blanchard, répondit Philippe du ton le plus sérieux.

— Est-ce que vous montez les Champs-Elysées ?

— Je ne sais.

— Comment ! vous ne savez pas ?

— Non. J’allais au hasard quand je vous ai rencontré.

— Au hasard ? Permettez-moi dans ce cas de régler mon pas sur le vôtre.

— Volontiers, dit Philippe.

— Je croyais qu’il n’y avait plus que moi dans notre époque qui allât au hasard.

— Pourquoi cela ?

— Parce que je suis un oisif, du moins au point de vue du monde, qui n’est pas mon point de vue. Mais vous, un homme d’État…

— Eh bien ? est-ce que les hommes d’État ne vont jamais au hasard ?

— Charmant ! très joli ! genre M. Scribe. Mais… un nouveau marié ?

— C’est justement pour cela, dit Philippe.

— Votre pensée m’échappe.

— Ah ! monsieur Blanchard, vous qui êtes à la recherche d’émotions saisissantes, de tracas vivaces, je veux vous indiquer une voie peut-être nouvelle pour vous.

— Je suis tout yeux.

— Nouez dans les coulisses de quelque théâtre une intrigue avec une de ces femmes séduisantes à qui la vie du monde et la vie de l’art ont fait deux natures ; avec une chanteuse ou une danseuse.