Page:Monselet - La Franc-maçonnerie des femmes, 1861.djvu/309

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— Je sais ce que c’est, dit Mme Baliveau en essayant de sourire : c’est l’approche de ton mariage qui t’effraye. J’étais comme cela, moi aussi.

— Non, ma mère, ce n’est pas l’approche de mon mariage qui m’effraye.

— Alors ?

— Vous rappelez-vous le jour où vous avez reçu la lettre de cette dame de Paris, votre amie de pension ?

— Ô mon Dieu ! pensa la mère.

— Eh bien ! mes craintes datent de ce jour-là.

— Quelles craintes, Anaïs ?

Et, la regardant à son tour avec anxiété, elle ajouta :

— Est-ce que… tu nous aurais écoutées ?

— Oh ! ma mère !

— Non, non ! pardonne-moi, je ne sais ce que je dis. Mais c’est ta faute. Tu me troubles avec tes chimères. Voyons, quelle est l’inquiétude qui t’agite ? Tes mains sont brûlantes, en effet. Que crains-tu ?

— Je crains de vous perdre, répondit sourdement la jeune fille.

— Ah !

Mme Baliveau porta la main à sa gorge pour y arrêter un cri. Anaïs fondit en larmes.

— Me… perdre ? dit enfin la mère en faisant un puissant effort sur elle-même ; qui a pu t’inspirer une pareille effort sur elle-même ; qui a pu t’inspirer une pareille supposition ? ai-je donc l’air d’être malade ?

— Non, ma mère, ce n’est pas cela.

— Ce n’est pas cela, dis-tu ?

— Non.

— Eh bien de quel accident crois-tu que je sois menacée ? Chasse, mon enfant, toutes ces terreurs sans motifs. Veux-tu m’alarmer moi-même ? Veux-tu alarmer ton bon père ? Tu auras été tourmentée, je le vois bien maintenant, par quelques-uns de ces rêves qui se représentent plusieurs fois et qu’on est tenté de prendre pour des avertissements, à cause de leur obstination. Il faut tâcher de t’étourdir. En continuant de t’abandonner à des idées aussi ridicules, tu risquerais de me