Page:Monselet - La Franc-maçonnerie des femmes, 1861.djvu/314

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— Plus rien ? répéta-t-elle d’un ton incrédule.

— Je vous l’assure, dit-il en la regardant avec un sourire où la méfiance s’effaçait peu à peu.

— En effet, vous êtes moins pâle.

Elle se remit à se ganter. Une préoccupation visible remplaça ses affectueuses démonstrations. On eût dit qu’elle s’impatientait contre la pendule, trop lente à son gré. Du bout de son brodequin, elle agaçait les gros chenets reluisants de la cheminée, ou bien elle revenait se poser devant les glaces de l’appartement pour retoucher quelque détail de sa toilette, semblable à un peintre que ne satisfait jamais absolument son ouvrage. Enfin, le valet de pied entra en disant :

— La voiture de madame.

Un geste de satisfaction échappa à Amélie.

— Vous ne souffrez plus, Philippe ? dit-elle en se retournant vers son mari.

— C’est passé.

— Vous m’avez alarmée un instant.

— Rassurez-vous, je vais mieux.

— Mieux seulement ?

— Bien.

— C’est que si vous étiez sérieusement indisposé, je ne voudrais pas vous laisser seul, ajouta-t-elle en donnant de l’espace à sa robe.

— Ne craignez rien.

— Alors, je puis aller chez notre tante ?

— Avez-vous besoin de ma permission ?

Sur le seuil de l’appartement, Amélie se retourna encore une fois et lui envoya un adieu.

— Je suis un fou, et ma femme est un ange ! dit Philippe lorsqu’il se vit seul. Jaloux, moi, après quelques jours de mariage ! je ne mérite pas mon bonheur.

Il courut à l’Opéra, riant sincèrement de ses premières inquiétudes conjugales. Le lendemain, un second billet anonyme saluait son réveil.