Page:Monselet - La Franc-maçonnerie des femmes, 1861.djvu/336

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— Mon dessein… mais vous le verrez bientôt. Laissez-moi continuer mon récit.

— Je n’en perds pas une syllabe.

— Assez embarrassé de l’emploi de mon temps jusqu’au soir, je me décidai à ratisser consciencieusement les allées. Cette occupation m’amena à remarquer une foule de petits pas, des pas de femme incontestablement ; qui émaillaient le sable a certaines distances ; une nuée de brodequins mignons s’y était abattue la veille, une armée de bottines avait passé par ces chemins.

— De tels indices contrastent étrangement avec la solitude apparente de ces habitations, murmura Philippe Beyle.

— Ce fut la réflexion que je fis aussi, et je me mis à rechercher et à suivre la trace de ces pas. Ils partaient de divers points, particulièrement des petites portes que vous savez, et ils se rejoignaient tous dans une allée commune, d’où ils se dirigeaient d’un unanime accord vers une serre.

— Une serre ?

— Oui, adossée au bâtiment qui doit porter le n° 4, dans la rue Plumet.

— Cette serre est le point de réunion !

— Ou du moins elle y conduit ; voilà qui n’est pas douteux, dit M. Blanchard.

— Avez-vous essayé d’y entrer ?

— Elle était fermée. Le diamant que je porte d’habitude au doigt m’eût été d’un grand secours dans cette circonstance : il m’aurait servi à détacher une glace ; mais je m’en étais dessaisi par excès de fidélité dans mon déguisement. D’ailleurs ; il n’était pas prudent de m’aventurer en plein jour si près des maisons ; je le compris, et je remis la suite de mon examen à ce soir.

— À ce soir, dites-vous ?

— Oui. Cela se passait ce matin.

— Vous voulez retourner là ce soir ? s’écria Philippe.

— Avant dix minutes.

Philippe se tut. Il avait la fièvre.