Page:Monselet - La Franc-maçonnerie des femmes, 1861.djvu/350

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— Que voulez-vous dire ? s’écria Philippe, qui pâlit tout à coup.

— Je veux dire que vous seriez imprudent d’exiger une révélation qui vous exposerait à tous les dangers.

— Des dangers ? allons donc ! répondit-il en sentant se soulever son orgueil.

— Oh ! je sais que vous êtes brave ; mais il est des circonstances où la bravoure ne sert à rien. On ne pare pas des coups portés par des bras invisibles.

Philippe se sentit inquiet ; plus d’une fois il avait été frappé par ces ennemis invisibles dont Amélie lui parlait en ce moment. Ce souvenir fit passer un nom dans son esprit, et ce nom amena un éclair de colère dans ses yeux.

Il dit à Amélie :

— On a cherché à égarer votre imagination, je le vois. On a été trop loin. Parmi les menaces qui se font dans le monde, si la moitié seulement se réalisait, si la moitié des vengeances annoncées s’accomplissait, le monde n’aurait pas un siècle à vivre. Quels que soient mes ennemis, Amélie, il m’est possible, sinon de les vaincre, au moins de détourner leurs coups. On a spéculé sur votre ignorance des mœurs et de la législation. On a éveillé en vous ce que j’appellerai les superstitions du cœur. Cessez de croire aux périls suspendus sur ma tête, ou du moins ramenez-les aux proportions ordinaires de la vie ; les exagérer serait me faire injure, ce serait reconnaître la réalité et l’importance de mes torts dans le passé. Vous ne le pouvez pas, Amélie, vous ne le devez pas !

Pendant qu’il s’exprimait ainsi, elle le regardait avec surprise et avec douleur.

— Je ne crois rien, lui dit-elle, je ne reconnais rien ; je vous aime. Mais on m’a fait voir, et j’ai vu. On m’a fait voir votre perte résolue, votre mine, votre mort. Il dépendait de moi de vous sauver ; pour cela on ne me demandait qu’un serment. Je l’ai fait de grand cœur.

— Et, selon vous, mon salut dépend de votre fidélité à ce serment ? dit Philippe.

— Oui.

— Erreur ! si les dangers qui m’entourent sont sérieux, vous