Page:Monselet - La Franc-maçonnerie des femmes, 1861.djvu/37

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— Oui, nous nous proposons d’aller jusqu’au cap Ferret ; vous savez combine Amélie est folle de natation. Je ne l’en blâme pas ; c’est moi qui ai développé ce goût chez elle.

— Il ne lui fallait que cela pour être tout à fait une petite sirène, dit la marquise, qui avait gardé l’esprit de son temps.

Plusieurs propos furent encore échangés, après lesquels Irénée se leva pour prendre congé de Mme la comtesse d’Ingrande.

— N’oubliez pas, lui dit-elle, que vous êtes chargé de faire entendre raison à M. Blanchard.

— Je tâcherai, du moins.

Il saluait, lorsque la marquise de Pressigny ajouta, par manière de post-scriptum :

— À propos, vous savez qu’il y a demain un concert de charité à la mairie de Teste ? On est venu plus de vingt fois nous fatiguer pour y assister ; il a bien fallu se rendre, à la fin. Nous ne pouvons manquer de vous voir par là… vous qui aimez tant la musique.

Irénée sortit, en rougissant un peu. Cinq minutes après, Mme d’Ingrande dit à sa fille :

— Amélie, mon enfant, allez vous habiller.

La jeune fille obéit, après avoir été présenter son front aux lèvres de sa mère et de sa tante.


Dès que la porte du salon se fut refermée derrière elle, la comtesse d’Ingrande, abandonnant son canevas, interpella la marquise de Pressigny :

— Apprenez-moi, madame, pourquoi vous faites depuis quelque temps à M. de Trémeleu cette petite guerre d’épigrammes ? Il faut que votre caractère se soit transformé tout à coup, car je vous sais habituellement bienveillante pour les jeunes gens. En quoi donc Irénée, que j’honore d’une estime particulière, a-t-il pu démériter de votre faveur ?

— C’est justement cette estime toute particulière dont vous l’honorez qui fait que je me tiens vis-à-vis de lui sur mes gardes.

— Ce n’est ni une réponse ni une raison, cela. M. de Trémeleu n’est-il pas excellent gentillhomme, du ton et de l’esprit le meilleur ?