Page:Monselet - La Franc-maçonnerie des femmes, 1861.djvu/385

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

— Attention ! maîtreBécheux va plaider ! s’écria le même joueur.

— Je revenais du bois de Boulogne vers trois heures ; vous voyez que j’avais parfaitement le temps d’arriver à Tortoni pour cinq heures. Le temps était superbe…

— L’air pur.

— Les oiseaux faisaient entendre de délicieux concerts.

— Oh ! messieurs, s’écria Bécheux, vous m’interrompez toujours !

— Continuez, dit Colombin.

— Je montais Grippe-Soleil ; vous devez connaître Grippe-Soleil ?

— Non, mais c’est égal.

— Je l’avais mis au trot, qui est l’allure où il excelle, reprit Bécheux.

— Sa main sur son coursier laissait flotter les rênes…

— C’était sur la limite d’Auteuil et de Boulainvilliers ; depuis quelques instants, je ne pensais qu’à mon rendez-vous de Colombin. Je me disais : Colombin m’attend, ne soyons pas en retard. Un rendez-vous, c’est sacré. Les rois n’ont pas d’autre politesse que l’exactitude.

— Peste ! voici un joli monologue.

— Toutes les cinq minutes, je consultais ma montre… qui est une fort belle montre… Avez-vous vu ma montre ?

Silence unanime.

— Tout à coup…

— Ah ! l’intérêt commence enfin, murmura un des auditeurs.

— J’aperçois le pavillon que s’était fait construire ce pauvre Porqueval, mon ami intime ; le baron de Porqueval, qui vient de mourir ; Porqueval, vous savez ?

— Après ? dit Colombin.

— Toutes les fenêtres étaient fermées ; seule la porte d’entrée était entrouverte. Je m’imagine que le pavillon est à vendre. Alors, je n’en fais ni une ni deux, je jette mes brides à Toby ; vous savez, Toby, hein ?

— Ensuite ?