Page:Monselet - La Franc-maçonnerie des femmes, 1861.djvu/398

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Marianna le regarda du haut en bas ; et son bras s’étendit vers un timbre qui était à sa portée. Mais, avant que le timbre résonnât, le bras de Marianna était emprisonné dans la main de Philippe. Elle murmura :

— C’est vrai ; j’oubliais vos façons d’agir.

Il lui lâcha le poignet, et elle alla s’asseoir, avec une apparence de calme, sur un divan.

— M’avez-vous entendu ? lui dit-il.

— Oui.

— Où est-elle ?

— Encore ? dit Marianna haussant les épaules.

— Ne dissimulez pas ; je sais tout.

— Une phrase pour effrayer.

— Pour punir !

— Monsieur !

— Peu m’importe de blesser votre dignité ; ce n’est pas de votre dignité qu’il s’agit à présent. Il me faut Amélie.

— Qu’y-a-t-il de commun entre votre femme et moi ?

— Elle est tombée dans un piège que vous lui avez tendu.

— Un piège ?

— Faites-y attention. Vous jouez un jeu qui peut vous devenir funeste. Si je suis accouru ici d’abord, vous devez m’en savoir gré, car j’aurais pu simplement m’adresser à la justice. Je ne l’ai pas fait, par un reste d’égard pour vous.

— De la clémence ? dit ironiquement Marianna.

— Non, de la pitié, c’est-à-dire ce qu’on doit aux insensées, aux femmes atteintes de vertige…

— Ah ! vous êtes imprudent de me parler ainsi ! s’écria-t-elle, l’œil plein d’un feu noir.

— Allons donc ! redressez-vous donc ! Soyez donc vous-même ! Quittez ce virement d’imposture qui ne va pas à votre taille ! Pour une haine comme la vôtre, pas de moyens mesquins. Voyez, est-ce que je ruse, moi ? est-ce que je prends cette peine avec vous ? Fi donc ! Ne rampez plus comme les vipères, bondissez et frappez comme les lionnes !

— Je me souviendrai du conseil quand il sera temps, murmura-t-elle.