Page:Monselet - La Franc-maçonnerie des femmes, 1861.djvu/430

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l’édredon une feuille de papier qu’on y avait sans doute glissée pendant son absence.

L’ayant dépliée, il lut ce fragment fraîchement écrit, sinon fraîchement inventé :

« Pitié pour Amanda ! Si elle fut coupable, que sa faute retombe sur moi seul ! J’étais ton ami, j’ai pu l’oublier ; sans doute mon crime est grand, mais il n’est peut-être pas sans excuse. Amanda était si belle, et tu étais si imprudent ! Que de promenades délicieuses nous avons faites, elle et moi, au bord de la Nièvre, à l’heure où le soleil se couche dans les nuages empourprés ! Ton souvenir, il est vrai, passait souvent entre nous comme un remords, mais il était vite chassé. Pauvre ami, je n’ai pas osé soutenir ta vue ; mais je tremble pour Amanda ; sois grand, sois généreux, sois magnanime ; pitié pour elle ! pitié ! pitié ! »

M. Blanchard n’eut pas de peine à reconnaître, dans ce style d’une banalité insoutenable, son voisin le romancier. Il replia le fragment sans en terminer la lecture ; puis, il s’endormit en rêvant à son étrange aventure, dont il attendait le dénouement, sans le désirer ni le craindre, comme dit le poète.