Page:Monselet - La Franc-maçonnerie des femmes, 1861.djvu/83

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vous avez condamné mon cœur, sauvez du moins ma pauvre tête !

« — Cet homme est pire que le bourreau. Il a des réactions inattendues. Depuis la scène de l’autre jour, il est devenu froid, presque automatique. J’ai voulu me jeter à ses genoux et les embrasser ; je ne sais quelles paroles il m’a adressées, lais il a souri, et il a sonné un domestique en lui disant que j’étais indisposée. Je crois que j’aimais mieux encore sa rage et ses yeux pleins d’éclairs me lançant l’insulte !… »

Des mots interrompus, presque effacés :

« — Et cependant, si je voulais !… un pouvoir immense… une vengeance certaine… ou plutôt toutes les vengeances !… et pour cela, rien qu’un mot à dire, rien que ma volonté à manifester !… des moyens d’action sans bornes… Oh ! fasse le ciel que je n’en use jamais !… »

C’étaient les dernières lignes du carnet. Lignes étranges, qui firent rêver longtemps Irénée, et qu’il finit par attribuer à un désordre d’esprit.

— Pas un mot pour moi ! pas un souvenir ! murmura-t-il avec abattement.

L’heure du dîner était venue. Irénée descendit à la table d’hôte, où il trouva M. Blanchard en train de parler franc, c’est-à-dire de déclarer le potage une dérision le vin une piquette et l’hôtelier un imbécile.

— Monsieur, vous voyez un homme confus…, répétait M. Huot en s’inclinant.

Philippe Beyle et Marianna ne parurent pas à la table. Ils s’étaient fait servir dans leur appartement. On sut de l’hôtelier que la jeune femme était à peu près rétablie, et que, selon toutes les probabilités, elle pourrait paraître aux fêtes du lendemain, peut-être même au concert et au bal qui devaient suivre les régates. Car il y avait le lendemain régates et bal à la Teste-de-Buch.