Page:Monselet - La Franc-maçonnerie des femmes, 1861.djvu/91

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l’avoir aperçu, de grand matin, se dirigeant vers la gare du chemin de fer de Bordeaux.

Irénée ne pouvait tenir en place ; ses yeux ne cessaient d’interroger la multitude et les chemins. Il voyait avec désespoir s’avancer la journée. Tout à coup, une main qui se posa sur son épaule et l’obligea à se retourner, lui fît pousser une exclamation de soulagement. M. Blanchard, tout poudreux, était auprès de lui.

— Eh bien ? lui demanda précipitamment Irénée.

— Eh bien, tout est arrangé ; vous vous battez demain, au point du jour, dans les dunes.

— L’arme ?

— Au pistolet, répondit M. Blanchard.

— Au pistolet, soit.

— Il n’y aura d’autres témoins que moi et le batelier chargé de nous conduire.

— Il n’importe, dit Irénée ; en vous chargeant de ces dispositions, j’ai approuvé d’avance tout ce que vous feriez. Mais apprenez-moi pourquoi je ne vous ai pas vu plus tôt aujourd’hui ; ignoriez-vous que je dévorais les minutes en vous attendant ?

M. Blanchard répondit :

— Un duel ne s’improvise pas, vous le savez bien, surtout dans le désert où nous sommes. Où trouveriez-vous un armurier ici ? J’ai dû prendre le premier convoi du chemin de fer et aller acheter nos pistolets à Bordeaux, où d’ailleurs m’appelaient mes propres affaires…

Irénée fit un geste de discrétion.

— Oh ! continua M. Blanchard, la moindre des choses… un dépôt à retirer de chez un notaire… Après tout, je n’ai pas perdu de temps, je crois.

— Non, certainement, s’empressa de dire Irénée, et il ne me reste plus, à mon tour, qu’à m’acquitter de la promesse que je vous ai faite.

— Je vous attendais là.

— Mme d’Ingrande, vaincue par les sollicitations du maire