Page:Monselet - Les Aveux d’un pamphlétaire, 1854.djvu/15

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neveu de Rameau (ô comble du comique !) : cet effronté de chevalier de La Morlière, ce libertin de chevalier de La Morlière, cet impudent, ce réprouvé, — et le reste, oui, monsieur, le reste !

Cependant, je ne veux pas me faire meilleur que je ne l’ai été, et, bien que le vent soit aujourd’hui aux réhabilitations, croyez que je ne tiens pas à être réhabilité. Je me donne pour ce que je suis, c’est-à-dire pour un homme d’aventures, pour un chevalier de fortune ; je vous abandonne mes mœurs, peut-être trop indépendantes, mais ce que je défends avant tout, c’est ma littérature, ce sont mes livres, — ou plutôt c’est mon livre.

Laissez-moi, pendant quelques instants, remonter le courant de mes années orageuses. Une dernière fois je veux rentrer dans cette vie où j’ai si longtemps et si diversement tenu ma place. Soyez tranquille, mes mémoires seront moins longs que ceux de mes créanciers, car j’ai l’haleine courte, bien que j’aie beaucoup produit ; et je ne compose qu’à petits coups. Vous m’excuserez si quelquefois les opinions philosophiques et le cynisme du temps où j’ai vécu viennent à percer dans mon récit ; — les hommes,