Page:Monselet - Les Aveux d’un pamphlétaire, 1854.djvu/19

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la meilleure des cuirasses : l’ambition. Moi, je n’ai été ambitieux que sur le tard. Auparavant, j’ai voulu être amoureux.

Je fus amoureux de tout le monde, comme un vrai amoureux de vingt ans ; je connus les passions et la passion. Mais ce que je ne connus jamais que très-imparfaitement, c’est l’argent. J’étais un cadet de famille, et je n’avais autre chose à dépenser que mes vingt-quatre heures par jour : aussi, étais-je vêtu un peu à la légère. En revanche, je possédais largement le luxe de la bonne mine et de la santé, et ce luxe-là je l’affichais en superbe. Les femmes de la cour me recherchaient ; moi, je recherchais les bourgeoises : un ermite passerait sa journée à égrener le chapelet de mes bonnes fortunes sous la régence.

Par conséquent, il ne faut pas me demander comment, d’alcôve en alcôve, j’arrivai à cette dépravation qui était alors générale. Je recevais l’exemple de haut, et j’acceptais comme un vernis ce qui était une gangrène. Ma première jeunesse, et ma seconde aussi, s’écoulèrent en mille épisodes, que l’indulgence du temps qualifia d’espiègleries, mais qui n’en