Page:Monselet - Les Aveux d’un pamphlétaire, 1854.djvu/23

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trait est peu connu, je vous le raconterai ; mais ce sera le dernier de ce genre.

J’aimais, ou plutôt j’étais aimé de la maréchale de ***, qui passait avec raison pour une femme aussi avare que galante. En effet, elle n’avait d’yeux que pour son cher chevalier de La Morlière, mais elle le laissait volontiers aussi délabré qu’un musicien ; sa passion dédaignait de descendre à de misérables détails d’existence ; elle ne regardait qu’à la ligure, point du tout au costume ; néanmoins, je souffrais pour elle-même de l’infériorité de ma situation actuelle, et ma vanité révoltée s’avisa d’un stratagème.

Je me rendis chez mon créancier de la rue des Bourdonnais.

— Mon cher ami, lui dis-je, je vous dois une misère, une bagatelle, n’est-ce pas ?

— Oui, me répondit-il en soupirant ; quatre mille livres !

— Depuis combien de temps ?

— Depuis neuf ans.

— Eh bien, repris-je, je viens m’acquitter envers vous.