Page:Monselet - Les Aveux d’un pamphlétaire, 1854.djvu/67

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tout le monde me jeta la pierre pour avoir, dans ma dédicace, célébré ses talents et ses vertus. J’avoue aujourd’hui que c’était pousser la flatterie un peu loin ; mais en fait de dédicace on ne doit pas y regarder de trop près ; Corneille lui-même ne nous a-t-il pas donne l’exemple dans ses Épîtres à Montauron ?

La Du Barry accepta le patronage de mon roman, et, pour me prouver combien elle était sensible à mon héroïque politesse, elle me fit prier de venir souper avec elle.

Je fus assez dépaysé. J’avais compté sur de l’argent, sur une gratification quelconque ; au lieu de cela, on m’envoyait de la fumée d’honneur et de la fumée de cuisine par le nez. Un souper chez la favorite ! Que n’aurait pas donné un courtisan pour obtenir une faveur semblable ! Moi, je l’aurais cédée volontiers pour une paire de boucles d’argent neuves.

Et puis je réfléchis. Il me parut évident que la Du Barry n’avait rien entendu à mon épître, ou plutôt que la pauvre fille l’avait prise au sérieux. Dès lors, je me représentai ses efforts pour