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IX

SOUPER AVEC LA DU BARRY

J’ai fait des soupers plus gais que celui-là.

Nous n’étions que deux, elle et moi, dans une salle éclairée comme pour vingt-cinq convives.

La Du Barry était parée royalement, on peut le dire ; elle avait une robe lamée d’or, que des poignées de perles retroussaient, et, sur ses cheveux, divinement poudrés, un loquet chiffonné par une élève de la Duchapt, qui laissait échapper des plumes et des pierreries.

Il était clair, décidément, qu’elle avait voulu me faire honneur, grand honneur.

Néanmoins, je ne figurais pas trop mal en face d’elle : mon habit était bien un peu flétri, ma cravate un peu rousse (Denise brûlait toujours le linge en le repassant) ; mes dentelles étaient reprisées en plusieurs endroits ; mais l’air de tête rachetait tou