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CUBIÈRES.

Thermidor, près des eaux détacher sa ceinture ;
Fructidor, lui servir la pêche la plus mûre ;
Vendémiaire, enivrer ses esprits amoureux ;
Brumaire, sous un voile abriter ses cheveux ;
Frimaire, au coin du feu la déclarer vestale ;
Nivôse, à sa blancheur offrir une rivale ;
Pluviôse, pour elle affronter les torrents ;
Et Ventôse, braver les sombres ouragans.

Dans ce même poëme du Calendrier républicain, on trouve des vers semblables à ceux-ci :

Des fleurs, des fruits, des bois et des gras pâturages
Le nom à retenir est toujours plus aisé
Que celui d’un brigand jadis canonisé.
Le cheval, le baudet rendent les champs fertiles ;
Et j’aime cent fois mieux les animaux utiles
Que tous ces fainéants confesseurs, confessés,
Qu’une pieuse main a, sous verre, enchâssés.
… Il dit. Au même instant, de la voûte azurée
Déménage des saints la famille éplorée.
Où saint Pierre agitait les clefs du paradis,
S’élancent deux coursiers vigoureux et hardis :
L’un écarte Joseph, l’autre poursuit Antoine.
Des palais étoilés tombent moine sur moine.
La vigne se marie à son arbre chéri
Dans la chaire où prêchait Philippe de Néri.
Tout est bouleversé : la tendre marjolaine
Fleurit où soupirait la douce Magdeleine ;
Le grand Thomas d’Aquin, plus humble qu’un ciron,
Fuit et cède la place au large potiron, etc., etc.

Dorat-Cubières avait dédié son Calendrier républicain à Lalande, qui lui répondit : « Vous avez bien mérité de l’astronomie. » Lalande maniait donc l’épigramme ?