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OUBLIÉS ET DÉDAIGNÉS.

généreux et le Philosophe corrigé. Le premier est conçu dans l’insupportable système des drames sensibles et déclamatoires, remplis de pères de famille en cheveux blancs, qui lèvent les mains au ciel, et de colonels de chevau-légers prêts à se sacrifier pour un rival heureux. On reconnaît ce genre de composition dramatique aux notes explicatives qui accompagnent invariablement les noms des personnages, comme dans le modèle suivant que j’ai rédigé avec scrupule et minutie :

D’Alainville. — Honnête homme. Il porte un habit marron.

Cléon. — Trente-cinq à quarante ans. Fourbe dangereux. Au premier acte, coiffure à la brigadière, habits et culottes noirs, épée de ville.

Sainclair. — Bon, mais impétueux ; sensible, mais emporté ; il faut le connaître. Toujours prêt à voler au secours d’un ami, mais facile à abuser. Il adore et déteste Lucile ; il jure le matin qu’il ne la verra de sa vie, et le soir le trouve à ses pieds. Du reste, brave et galant, en véritable militaire.

Durivage. — Est sur le retour. Soixante ans, bien qu’il ne s’en donne que quarante-huit. Esprit superficiel et banal. Il paraît au dénoûment en costume de chasse.

Ambroise. — Le modèle des jardiniers. Un peu brusque, mais humain. Veste en drap de Ségovie.

Un exempt. — Manières froides, maintien calme, contrastant avec le caractère bouillant de Sainclair.

Madame d’Alainville. — Bonne à l’excès. Elle n’a d’yeux que pour sa nièce Lucile. Modes de provinces un peu exagérées.

Lucile. — Dix-sept ans. Robe rose, sans garniture ; un mouchoir de gaze autour du cou. Lucile est l’innocence même. Pour elle, Sainclair représente l’univers entier.

Madame d’Hérigny. — Femme à la mode. Vive, étourdie, avec un excellent cœur.