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OUBLIÉS ET DÉDAIGNÉS.

ductions du jour. — On sait qu’en argot de police, une mouche n’est autre chose qu’un espion. C’est sous le titre de l’Espion que l’Allemagne a traduit le roman du chevalier de Mouhy.

Ses autres livres n’ont pas, à beaucoup près, la même valeur. Ce sont pour la plupart des imitations ou des contre-parties des ouvrages en vogue. Les Mille et une faveurs sont estimées en librairie beaucoup plus qu’elles ne valent ; cela tient aux allégories qu’elles renferment et aux noms anagrammatisés, dont la clef est difficile à faire.

Le Petit almanach des grands hommes, qui se moque de tout le monde, n’a pas manqué de se moquer du chevalier de Mouhy : « Beaucoup de pièces en vers et en prose, et quarante volumes de romans donnent à cet écrivain un des cortèges les plus imposants de notre nomenclature. Nous lui devons, dans son Histoire du Théâtre-Français, la plupart des jugements portés sur les auteurs dramatiques vivants. Ce beau génie semble avoir deviné nos intentions en insistant beaucoup moins sur Corneille, Molière et Racine, que sur MM. Mercier et Durosoi, et en louant tout le monde. Cette méthode est, en effet, le seul moyen indiqué par la prudence pour éteindre ces rivalités et ces disputes odieuses qui déshonorent la littérature française, et qui changent en vils gladiateurs les véritables maîtres du public. »

Rivarol n’est pas le seul qui se soit égayé sur le compte de l’auteur de la Mouche ; Palissot a malmené fort rudement le chevalier dans ses Mémoires littéraires et dans son poëme de la Dunciade. « Le plus fécond, mais le plus ennuyeux des romanciers, » l’appelait-il.

Le chevalier de Mouhy était cependant un Lorrain