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GORJY.

« Un seul roi.

« On mêle.

« Chacun se précipite sur le tas et emporte autant de cartes qu’il peut.

« Si, dans les débats que cela occasionne, il y a quelques cartes déchirées, on les jette sous la table et l’on n’en parle plus.

« Ce sont les piques qui gagnent.

« Les basses cartes, prises une à une, n’ont aucune valeur ; mais, réunies sous la conduite des valets, ce sont elles qui emportent les mises.

« Le roi n’est guère que représentant ou auxiliaire ; sitôt qu’il entre en jeu, il est pris. On le place au milieu de la table, entouré d’un cercle de basses cartes : là, il n’est plus que spectateur de la partie. Il lui reste cependant une valeur relative. Lorsqu’il s’agit d’un coup majeur, on le joint aux autres cartes et sa présence autorise…. »

« — Ouf ! s’écrie i’Ann’quin Bredouille, en voilà assez ; jamais des règles aussi extraordinaires ne pourront entrer dans ma tête ; laissons ce jeu-là à vos propagateurs, et revenons tout uniment à notre piquet. »

Une autre fois on célèbre l’antique fête des Rois ; i’Ann’quin est tout étonné de la gravité des convives : au lieu des joyeux propos auxquels il s’attendait, au lieu de cet épanouissement qui, jadis, accompagnait toujours cette solennité domestique, il n’assiste qu’à des discussions et des déblatérations sur les affaires du temps ; on ergote, on examine, on juge, on exagère, on atténue ; et la partialité monte sur un ton d’amertume une conversation que le plaisir seul aurait dû animer. Enfin, le gâteau est apporté, coupé