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OUBLIÉS ET DÉDAIGNÉS.

quelques lignes de préface : « Ah ! de la morale, a-t-on dit la première l’ois que l’on a entendu cette pièce ; ah ! la belle idée ! et surtout comme c’est bien placé sur un théâtre de foire, aux Variétés ! Et pourquoi pas ? N’avons-nous pas donné jadis de la janoterie ? C’était trop bas alors, trop trivial, disait-on. La critique est si subtile, si éveillée ! Rien ne lui échappe. Tout en y venant, tout en s’y disputant les places, on criait haro sur l’auteur et sur l’ouvrage. On y vient encore et l’on y crie encore de même. Or, pour faire diversion, pour contenter ces difficiles, on a imaginé un autre genre. Eh bien, a-t-on désarmé la critique ? a-t-on apaisé la malignité ? Non. Le premier ton était trop bas ; le deuxième, dit-on, est trop relevé. Une chose me console. Dans ma première pièce, j’ai écrit pour les gens gais, il y en a beaucoup. Dans ma deuxième, j’ai écrit pour les gens honnêtes, il n’y en a pas moins ; et ces deux classes estimables me dédommagent des criailleries de la troisième, c’est-à-dire la satirique. » Christophe Lerond est une pièce très-bien faite, et qui a pu donner à Collin d’Harleville l’idée de son Optimiste. Dorvigny lui-même y jouait le principal rôle.

En 1780, l’auteur de Janot força les portes de la Comédie française et y lit représenter, le premier janvier, une pièce de bonne année sous le titre des Étrennes de l’Amitié, de l’Amour et de la Nature, comédie en un acte et en vers. Cette fois, au lieu d’être joué par Volange et Bordier, il eut pour interprètes Dugazon, Préville, Fleury et mademoiselle Contat. Avec ce brillant entourage, j’ignore comment la pièce fut accueillie, mais, j’ai le regret de le dire, elle est tout à fait médiocre, les vers sont absolu-