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DORVIGNY.

nal des Spectacles, du 8 thermidor an VIII, qu’il était le seul père des Jocrisses. « J’ai fait quelquefois, dit-il, de mauvais couplets, mais jamais de méchants. »

Cependant Dorvigny ne s’était pas toujours montré aussi délicat sur le chapitre de la propriété littéraire. Lors de la vogue de Madame Angot, il n’avait pu résister à l’envie de marcher sur les talons des deux citoyens Maillot et Joseph Aude, qui se disputaient cette fantasque création, et il avait composé à son tour, sous le titre du Père Angot, une comédie en deux actes qui fut représentée, l’an V, sur le théâtre d’Émulation.

Las des vaudevilles, Dorvigny continua sa carrière par des romans.

Ses romans ont les mêmes qualités et les mêmes défauts que ses pièces. C’est un homme entier qui procède par types, par figures bien en vue[1]. Une joie immense et profonde circule à travers les événements un peu vulgaires qu’il met en jeu, tels que scènes bachiques, aventures de coche, voleurs pour rire et revenants. Ma tante Geneviève ou Je l’ai échappé belle (4 vol. an IX) passe généralement pour son chef-d’œuvre. C’est écrit dans le grand style de la nature par quelqu’un qui n’a jamais rien eu à démêler avec l’Académie française.

Dorvigny n’a guère fait autre chose que des romans d’aventures, dans lesquels il déplace la scène à chaque minute et fait graviter autour de deux ou trois héros seulement une nuée de personnages populaires,

  1. Voici quelques autres types de son répertoire : Hurluberlu ou Tout de travers, Blaise le Hargneux, Nitouche et Guignolet, le Niais de Sologne, Carmagnole et Guillot-Gorju, le Père Duchesne, les Noces du Père Duchesne, etc.