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OUBLIÉS ET DÉDAIGNÉS.

Sous son honorabl’ costume,
Un jardinier, m’est avis,
Vaut mieux qu’tous ces homm’ de plume
Qui n’font rien pour leur pays !

Oui, juge de paix. Il rendit la justice dans la division du Nord. Mais ce fut un juge de paix de fantaisie, un fonctionnaire sans dignité et sous lequel le comédien se faisait jour à chaque occasion. Le 1er vendémiaire an VIII, dans l’église Saint-Laurent, devenu le Temple décadaire de la Vieillesse, il récita à haute voix un poëme sur la République. On remplaça le juge de paix Plancher-Valcour, qui, n’ayant plus à attendre de nouveaux bienfaits de la part du pouvoir, rentra au théâtre, où il se consola de sa destitution en jouant les magistrats pour rire.

En 1807 et en 1808, il était au Théâtre de l’Impératrice ou second Théâtre-Français. « Comme comédien, écrit M. H. Audiffret, il avait le jeu sec et froid, mais la diction correcte et facile ; et, dans les premiers rôles, puis dans les pères nobles qu’il joua, il portait mieux l’épée que certains grands comédiens. »

Depuis lors, la vie de Plancher-Valcour s’écoula doucement au milieu des loisirs littéraires. Il fut un des maîtres du mélodrame et obtint de très-grands succès avec des choses intitulées : la Forêt bleue, l’Homme invisible, Octavie et Zoraïde, le Secret des Vengeances. Une spéculation de librairie fructifia également entre ses mains : je veux parler de la publication des Annales du Crime et de l’Innocence, ou choix des Causes célèbres, en vingt volumes. Dans cette compilation où, par parenthèse, le clergé n’est pas épargné, — vieille habitude républicaine ! —