Page:Montaiglon-Fertiault - François Rabelais, tourangeau, 1880.djvu/7

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Ah, tu n’es pas de ceux dont la verve s’oublie,
Moraliste aux mots gras, ô vieux maître François !
Pour cingler les abus, que toi seul aperçois,
Tu mets, sage, ta plume aux doigts de la folie.

Chez toi le sens profond au grotesque s’allie ;
Toujours tu parles d’or, si bouffon que tu sois.
Tu souilles par moments la chaire où tu t’asseois,
Mais ton style est un vin, ardent jusqu’en sa lie.

Tu tailles dans le vif, et, si parfois tu crains,
Alors, voilant ta force à tes contemporains,
Tu montres comme un jeu le grand pouvoir d’écrire.

Penseur, ta sauce fait avaler le poisson....
Plus d’un se frotte encor de la verte leçon
Parmi les foudroyés des éclats de ton rire.


François Fertiault.