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fabliau xxiii

A cest mot li sires se vest
Et s’atorne, puis vait au change.
« Vassal, fet-ele, tel eschange
265Doit l’en fère au musart prové ;
Or vous ai-je bien esprové[1]
A coart et à recréant.
Mès aujord’ui, ce vous créant,
Ert de nous deux la departie. »
270Maintenant s’est du baing partie,
Si s’est en sa chambre enfermée,
Et cil, qui moult l’avoit amée[2],
Fu de mauvès contenement.
La chamberière isnelement
275Li rent sa robe, et il s’atorne ;
Maintenant de l’ostel s’en torne.
Mès il se tint à mal bailli
De ce que il a si failli
Du tout en tout à la borgoise.
280Qui de ce fist moult que cortoise
Qui s’en parti et atarja.
Ainsi la dame s’en venja.
Par cest fablel prover vous vueil
Que cil fet folie et orgueil
285Qui famé engingnier s’entremet ;
Quar qui fet à fame .I. mal tret,
Ele en fet .X. ou .XV. ou .XX.
Ainsi ceste aventure avint.

Explicit des .II. Changéors.

  1. 266 — esprouvé, lisez esprové.
  2. 272 — aimée, lisez amée.

    Ce fabliau a été imité très-souvent. La première partie du conte se retrouve dans les Cent Nouvelles nouvelles (nouv. 53) ; les autres conteurs, Pecorone, Straparole, Bandello, etc., ont changé l’ordre des aventures.