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AVANT-PROPOS

D’abord ce sont de simples critiques, des regrets que le roi ne soit pas mieux servi, des accusations générales. Puis à mesure que les revers s’accentuent, les attaques deviennent plus acerbes et plus violentes, les accusations se précisent, les noms propres se présentent sous la plume du narrateur ; tout devient matière à récriminations. Et, chose plus grave, l’entourage de Montcalm, les officiers des troupes de France pensent comme lui et ne tarissent pas sur les dilapidations qui se commettent chaque jour, comme on peut le voir par les troisième et huitième parties du Journal, rédigées par d’autres que le général.

Que faut-il croire de tout cela ? Quelle est la part de la vérité et celle de l’exagération ? À notre avis, les abus dont parle Montcalm ont réellement existé ; on ne peut le nier, et personne n’ignore que l’intendant Bigot, à son retour en France, fut traduit en justice et condamné pour ses concussions. Comment l’exemple, parti de si haut, pouvait-il ne pas être imité par les subalternes ? Ce fut en effet ce qui arriva, et il n’est pas un historien du Canada qui n’ait parlé de ce désolant spectacle d’un pays affamé et envahi par l’ennemi, pendant que l’argent destiné aux munitions de guerre et aux approvisionnements était dilapidé par de coupables administrateurs. Mais il est juste de signaler aussi l’exagération évidente des récits de Montcalm et de ses officiers. On peut les excuser sans