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JOURNAL DU MARQUIS DE MONTCALM

Le 15 au matin, on me remit mes instructions, qui m’assujettissent à rendre également compte au ministre de la marine et au ministre de la guerre ; on me remit en même temps un De par le Roi pour commander les troupes que Sa Majesté a envoyées l’année dernière en Amérique, et le renfort qu’elle y envoie cette année, sous l’autorité de M. le marquis de Vaudreuil, gouverneur général du Canada ; et on me remit les lettres de service de MM. de Lévis et Bourlamaque pour être employés à mes ordres comme brigadier et colonel, et celles de M. de Montreuil, capitaine au régiment de Piémont, avec brevet de lieutenant-colonel, pour être employé comme aide-major-général, ainsi qu’il l’étoit avec le baron de Dieskau.

Le 15, après-midi, je partis de Versailles avec M. de Bougainville, mon premier aide de camp, lieutenant réformé à la suite du régiment d’Apchon-dragon. C’est un jeune homme qui a de l’esprit et de belles lettres, grand géomètre, connu par un ouvrage sur le calcul intégral ; il est de la Société Royale de Londres, aspire à être de l’Académie des sciences de Paris, où il auroit eu une place, s’il n’avoit pas préféré d’aller en Amérique apprendre le métier de la guerre et donner des preuves de sa bonne volonté. Il est frère de M. de Bougainville, ci-devant secrétaire de l’Académie Royale des Inscriptions, très connu dans la république des lettres. M. de Bougainville m’est très recommandé, par M. de Séchelles, par Mme Hérault et même par Madame la marquise de Pompadour ; il sait très bien l’anglois et a mis à profit un voyage qu’il a fait en Angleterre et en Hollande.