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JOURNAL DU MARQUIS DE MONTCALM

et de courage et qui lui valut d’être fait lieutenant avant son tour. Il avoit été détaché par M. de la Jonquière, commandant l’escadre de M. d’Anville, avec une goélette, petit bâtiment de quatre canons ; il s’empara de quatre petits bâtiments anglois, et comme il étoit poursuivi par un vaisseau de la même nation, après avoir fait passer les prisonniers à bord, il brûla les quatre bâtiments qu’il avoit pris, se fit échouer, se débarqua, engagea un sauvage par des récompenses à lui aller chercher du renfort avec lequel il se défendit. L’Anglois l’ayant laissé, il radouba son petit bâtiment et rejoignit son escadre en amenant ses prisonniers.

J’ai reçu à Brest toutes sortes de politesses de Messieurs de la marine : c’est un corps bien composé, presque tout entier de gens de condition, plusieurs d’une naissance distinguée, beaucoup d’honneur et de probité, une franchise dans leur façon de penser et de dire dont on ne trouve des exemples nulle part ailleurs, que chez d’aussi braves militaires que sont Messieurs de la marine, que le commerce de la cour et de Paris n’a pas pour l’ordinaire gâtés en leur inspirant un fonds de flatterie que l’on confond avec celui de la politesse.

M. le comte Du Guay, chef d’escadre, qui commande la marine, M. Hocquart, intendant, m’ont très bien reçu. Le premier m’a paru un homme fin et délié ; sa femme a dû être une femme de bon air ; elle en a conservé dans un âge avancé les mines d’une jolie femme qui ressemblent quelquefois à des grimaces ; d’ailleurs elle est très polie. Pour M. et Madame Hocquart, c’est un couple bien assorti ce sont d’honnêtes gens, vertueux, bien intentionnés, tenant une bonne maison.