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JOURNAL DU MARQUIS DE MONTCALM

puissent pas être révoquées, il faut que le concessionnaire en ait fait prise de possession en établissant sur sa concession au moins une famille par année, du jour qu’elle lui a été accordée. L’île Saint-Barnabé a une lieue et un quart de long, elle est de la dépendance de la seigneurie de Rimouski, et elle est habitée par un gentilhomme breton des environs de Morlaix, qui par singularité ou dévotion y mène la vie d’un ermite, et se sauve même dans les bois, si on cherche à l’aborder lorsque les bâtiments y mouillent.

Du 7 mai 1756. — Nous avons appareillé sur les quatre heures du matin, et nous avons trouvé une goélette mouillée à l’île du Bic ; c’est une espèce de petit bâtiment dont on se sert beaucoup dans les mers de l’Amérique. Cette goélette retournoit à Louisbourg, venant de Québec ; elle nous a fait d’autant plus de plaisir qu’elle nous a dit avoir rencontré dimanche un vaisseau françois de soixante canons. Ce sera le Héros, qui aura fait une traversée encore plus belle que la nôtre. Cependant les navigateurs seront surpris de voir que de quatre à six heures et demie du soir, nous ne fussions qu’à hauteur du cap de Raye, et que nous ayons pu mouiller le 6 à neuf heures du soir entre l’île Saint-Bernabé et l’île du Bic. Cette dernière île est le plus sûr mouillage qu’il y ait dans la côte du Sud. Cette même goélette nous a appris que les Canadiens et sauvages avoient fait beaucoup de courses, et avoient brûlé en dernier lieu les provisions de bouche et de guerre que les Anglois conduisoient à leur fort de Chouaguen. Nous l’avons chargée de compliments pour M. de Drucour, gouverneur de l’Île-Royale, et pour nos