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JOURNAL DU MARQUIS DE MONTCALM

guen avoit été reconnue être praticable, et que l’on pourroit faire un chemin à travers les bois, il envoya des ordres à M. de l’Hôpital, lieutenant-colonel de Béarn, pour venir le joindre le plus tôt qu’il seroit possible avec son artillerie, mais de ne marcher que de nuit dans la crainte des barques armées que les Anglois avoient à Chouaguen. Le 10, M. de Rigaud marcha par terre avec le corps de troupes qu’il commandoit, pour aller prendre poste à l’anse à une demi-lieue de Chouaguen. Le marquis de Montcalm partit avec sa division le même jour à six heures du soir et arriva dans la nuit. De suite il fit décharger tous les bateaux, les fit porter sur la grève, suivant l’usage du pays, pour les mettre en sûreté contre les coups de vent qui les briseroient sans ces précautions, et il fit établir une batterie de quatre pièces qu’il avoit amenées avec lui. Toutes les troupes passèrent la nuit au bivouac, occupées à ces diverses opérations. En même temps, M. de Bourlamaque avec les deux ingénieurs françois et M. Mercier s’avancèrent avec un détachement de deux cent cinquante hommes pour favoriser les ingénieurs chargés de reconnoître ce fort.

Les deux ingénieurs s’avancèrent à quarante toises, et comme M. Des Combles se retiroit, par une fatalité sans exemple, un de nos propres sauvages qui les avoit accompagnés, le tua, l’ayant pris pour un Anglois. Cette perte fut avec raison regardée comme considérable, ne restant qu’un seul ingénieur ; les sauvages en furent véritablement touchés, et le marquis de Montcalm fut obligé de les assembler sur-le-champ pour leur parler et les rassurer, sur la persuasion où l’on étoit que c’étoit