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HISTOIRE DU CÉLÈBRE PÉPÉ

l’enfant et, le prenant sous son bras, il se mit à fuir à longues enjambées.

Pépé essaya vainement d’appeler à son secours. Le musicien était un homme grand et robuste qui le maintenait contre lui et gagnait du terrain. Il courut de toutes ses forces jusqu’au jour et, au jour, il se jeta dans des chemins à travers bois.

Quand il se sentit isolé au milieu des arbres, loin des habitations, il s’arrêta.

Pépé criait et voulait fuir.

— Tu vas en goûter, dit l’homme.

Et, cassant une branche d’arbre, il enleva le pantalon du pauvre Pépé et lui donna des coups jusqu’au sang.

— Crie, piaille, dit-il, en le déposant à terre.

Le pauvre Pépé auquel il avait fait bien mal, sans qu’il eût commis aucune mauvaise action, pleura jusqu’à ce qu’il n’eut plus de larmes.

— Écoute-moi attentivement, dit le musicien. Sais-tu pourquoi je viens de te battre ? C’est pour t’apprendre ce dont je suis capable. Si tu m’obéis, je ne te ferai pas de mal davantage ; mais si tu ne m’obéis pas, je recommencerai la journée entière : de te fouetter ne me fatigue pas. Tu m’écoutes, hein ? Je suis un Prussien. J’étais parti de Prusse avec un camarade qui jouait du cornet à piston. À nous deux, nous gagnions assez d’argent français pour retourner riches en Allemagne. Malheureusement, mon camarade est mort. Seul avec mon trombone, je ne gagne presque rien. Je ramasserais plus d’argent si on me prenait pour un aveugle. Afin de passer pour aveugle, il me faut quelqu’un qui me conduise. Ce sera toi.