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V
AVERTISSEMENT.


cent cinquante ans de distance. C’est cette difficulté que nous avons essayé d’écarter, en donnant en note le mot de ces allusions, de façon qu’il soit aisé d’en saisir aujourd’hui la portée. Le lecteur moderne se trouve ainsi mis au point de vue de l’auteur ; il peut ressentir quelque chose du plaisir qu’éprouvaient nos pères, quand ils voyaient tant de grâce et de malice joint à tant de bon sens.

À ces notes nous avons ajouté les variantes des premières éditions. M. Parrelle était entré dans cette voie, M. Ravenel l’y a suivi ; mais tous deux ont marché timidement, et avec raison, car de leur temps on tenait plus à la dernière forme de la pensée d’un auteur qu’à ses premiers tâtonnements. Aujourd’hui on est plus curieux ; on aime à suivre dans le moindre détail la pensée de l’écrivain, et à la saisir en quelque façon dans le travail même de l’enfantement. Cette étude, ne fît-elle que montrer avec quel amour Montesquieu soignait son style, aura toujours de l’intérêt pour le lecteur.

Nous avons aussi respecté la ponctuation des premières éditions. C’est encore là un détail qu’il ne faut point négliger. La ponctuation nous donne le mouvement de l’idée, et nous fait entendre la voix de l’auteur. Celle de Montesquieu est particulière ; la phrase est brève, hachée ; on y sent jusqu’à l’accent gascon du président. Conserver la ponctuation primitive, c’est une façon de rendre plus vivant encore cet esprit original, qui, dans