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CHAPITRE IV.


1. DES GAULOIS. — 2. DE PYRRHUS. — 3. PARALLÈLE DE CARTHAGE ET DE ROME[1]. — 4. GUERRE D’ANNIBAL.


Les Romains eurent bien des guerres avec les Gaulois. L’amour de la gloire, le mépris de la mort, l’obstination pour vaincre, étaient les mêmes dans les deux peuples ; mais les armes étaient différentes ; le bouclier des Gaulois était petit, et leur épée mauvaise : aussi furent-ils traités à peu près comme, dans les derniers siècles, les Mexicains l’ont été par les Espagnols. Et ce qu’il y a de surprenant, c’est que ces peuples, que les Romains rencontrèrent dans presque tous les lieux et dans presque tous les temps, se laissèrent détruire les uns après les autres, sans jamais connaître, chercher, ni prévenir la cause de leurs malheurs.

Pyrrhus vint faire la guerre aux Romains dans le temps qu’ils étaient en état de lui résister et de s’instruire par ses victoires ; il leur apprit à se retrancher, à choisir et à disposer un camp ; il les accoutuma aux éléphants et les prépara pour de plus grandes guerres[2].

  1. Dans ce parallèle, Montesquieu s'est visiblement inspiré de Bossuet Discours sur l'histoire universelle, IIIe partie, ch. VI. Et tous deux ont suivi Polybe.
  2. Saint-Évremond, Réflexions sur les divers génies du peuple romain