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DES ROMAINS, CHAP. XVI.


quart la paye établie[1]. Il paraît, par le discours d’un soldat dans Tacite[2], qu’à la mort d’Auguste elle était de dix onces de cuivre. On trouve dans Suétone[3] que César avait doublé la paye de son temps. Pline[4] dit qu’à la seconde guerre punique on l’avait diminuée d’un cinquième. Elle fut donc d’environ six onces de cuivre dans la première guerre punique[5], de cinq onces dans la seconde, de dix sous César[6], et de treize et un tiers sous Domitien[7]. Je ferai ici quelques réflexions.

La paye que la République donnait aisément lorsqu’elle n’avait qu’un petit État, que, chaque année, elle faisait une guerre, et que, chaque année, elle recevait des dépouilles, elle ne put la donner sans s’endetter dans la première guerre punique, qu’elle étendit ses bras hors de l’Italie, qu’elle eut à soutenir une guerre longue et à entretenir de grandes armées.

Dans la seconde guerre punique, la paye fut réduite à cinq onces de cuivre, et cette diminution put se faire sans danger dans un temps où la plupart des citoyens

  1. Il l’augmenta en raison de soixante et quinze à cent. (M.)
  2. Annal, liv. I, ch. XVII. (M.)
  3. Vie de César. (M.)
  4. Histoire naturelle, liv. XXXIII, art. 13. Au lieu de donner dix onces de cuivre pour vingt, on en donna seize. (M.)
  5. Un soldat, dans Plaute, in Mostellaria, dit qu’elle était de trois as ; ce qui ne peut être entendu que des as de dix onces. Mais si la paie était exactement de six as dans la première guerre punique, elle ne diminua pas dans la deuxième d’un cinquième, mais d’un sixième ; et on négligea la fraction. (M.)
  6. Polybe, qui l’évalue en monnaie grecques, ne diffère que d’une fraction. (M.)
  7. Voyez Orose et Suétone, in Domit. Ils disent la même chose sous différentes expressions. J’ai fait ces réductions en onces de cuivre, afin que pour m’entendre, on n’eût pas besoin de la connaissance des monnaies romaines. (M.)