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DES ROMAINS, CHAP. XX.


armées que Genséric tenait toujours prêtes, avec lesquelles il prévenait ses ennemis et étonnait tout le monde par la facilité de ses entreprises.

La cavalerie des Romains[1] était très exercée à tirer de l’arc ; mais celle des Goths et des Vandales ne se servait que de l’épée et de la lance, et ne pouvait combattre de loin[2]. C’est à cette différence que Bélisaire attribuait une partie de ses succès[3].

Les Romains, surtout sous Justinien, tirèrent de grands services des Huns, peuples dont étaient sortis les Parthes, et qui combattaient comme eux. Depuis qu’ils eurent perdu leur puissance par la défaite d’Attila et les divisions que le grand nombre de ses enfants fit naître, ils servirent les Romains en qualité d’auxiliaires, et ils formèrent leur meilleure cavalerie[4].

Toutes ces nations barbares se distinguaient chacune par leur manière particulière de combattre et de s’armer[5]. Les Goths et les Vandales étaient redoutables l’épée à la main ; les Huns étaient des archers admirables ; les Suèves, de bons hommes d’infanterie ; les Alains étaient pesamment armés ; et les Hérules étaient une troupe légère. Les Romains prenaient dans toutes ces nations les divers corps de troupes qui convenaient à leurs desseins, et combat-

  1. A. La cavalerie des Romains, et des Huns leurs auxiliaires, etc.
  2. Voyez Procope, Guerre des Vandales, liv. I, et le même auteur, Guerre des Goths, liv. I. Les archers goths étaient à pied : ils étaient peu instruits. (M.)
  3. A. Les Romains, ayant laissé affoiblir leur infanterie, mirent toute leur force dans leur cavalerie, d'autant mieux qu'il falloit qu'ils se portassent promptement de tous côtés pour arrêter les incursions des Barbares.
  4. Ce paragraphe et le suivant sont en note dans A.
  5. Un passage remarquable de Jornandès nous donne toutes ces différences : c’est à l’occasion de la bataille que les Gépides donnèrent l’assaut aux enfants d’Attila. (M.)