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LE TEMPLE DE GNIDE.


Ont devancé la Peur et le Trépas.
Plus loin, couché sur un lit de verdure,
A Cythérée il sourit mollement :
Ce n’est plus Mars ; on cherche vainement
Son front altier qu’adoucit la peinture ;
Avec des fleurs l’amour les a liés :
Le couple amant se regarde, soupire,
Et ne voit point, dans cet heureux délire,
L’enfant malin qui badine à ses pieds.

Des lieux secrets offrent une autre scène :
Vous y voyez les noces de Vulcain.
L’Olympe assiste à ce bizarre hymen ;
Du dieu rêveur vous remarquez la gêne :
Vénus, par grâce, abandonne une main
Qui semble fuir de la main qui l’entraîne :
Sur cet époux son regard porte à peine,
Et vers l’Amour se détourne soudain.

On voit Junon, dans une autre peinture,
De leur hymen former les tristes nœuds.
La coupe en main, Vénus devant les dieux
Donne sa foi ; le ciel rit du parjure ;
Vulcain l’écoute avec un front joyeux.

Au lit d’hymen l’époux veut la conduire :
Elle résiste ; et si l’œil qui l’admire
Se méprenait à l’éclat de ses traits,
On croirait voir la fille de Cérés
Que va ravir le dieu du sombre empire.

Il la saisit ; les dieux suivent leurs pas :
Vénus en pleurs s’agite dans ses bras ;
Sa robe tombe ; elle est à demi nue :
De sa pudeur il sauve l’embarras.
Plus attentif à couvrir tant d’appas.
Qu’impatient de jouir de leur vue.

Au fond du temple il paraît sans témoin ;