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XXXVIII
INTRODUCTION

A cette critique de peu de valeur on fit cependant deux réponses. L’une est intitulée : Apologie de l'Esprit des lois, ou réponse aux observation de M. de la Porte. C’est une brochure de cent quarante pages dont l’auteur est Boulanger de Rivery. La défense est aussi insignifiante que l'attaque [1].

Il n’en est point de même d’un autre écrit qui porte pour titre : « Réponse aux Observations sur l’Esprit des lois. L’auteur de ce livre était un jeune négociant de Bordeaux, M. Risteau, qui devint plus tard un des directeurs de la compagnie des Indes. Montesquieu faisait grand cas de ce travail ; il avouait même qu’il eût été fort embarrassé de répondre à certaines objections, que son jeune défenseur avait réfutées de manière à ne laisser aucune place à la réplique [2]. Cette appréciation donne un certain prix à la Réponse de M. Risteau. Du reste, elle n’est pas rare. On l’a réimprimée à la suite des Lettres familières, Paris, 1767, et en dernier lieu dans l’édition des Œuvres complètes de Montesquieu, publiée par Dalibon, Paris, 1827.

Dans les Observations de l’abbé de la Porte on trouve un passage obscur, ainsi conçu :


« Je n'entreprendrai pas de réfuter le sentiment de M. de Montesquieu sur la levée des impôts ; un homme du métier l'a fait, dit-on, avec beaucoup de force ; mais l'ouvrage est fort rare, et quoique fait pour le public il n’a été vu jusqu’à présent que par un très-petit nombre d’amis particuliers, à qui, par un privilège spécial, on a bien voulu en procurer la lecture. Tout le monde sait que l’auteur est un homme de très-grand mérite ; il a écrit pour la défense de sa cause, et de celle d’une compagnie riche, nombreuse et puissante [3]. Un combat entre lui et l’auteur de l'Esprit des lois, seroit pour le moins aussi intéressant que celui d’Argant et de Tancrède [4]. »


Cet adversaire redoutable, suivant l’abbé de la Porte, était M. Dupin, fermier général, qui avait fait imprimer à un très-

  1. « Le célèbre abbé y fit une légère réponse. » Œuvres posthumes de Montesquieu, p. 241, note des éditeurs.
  2. Œuvres posthumes de Montesquieu, in-12, p. 213. Note des éditeurs.
  3. La Compagnie des Fermiers généraux.
  4. Observations, etc., p. 151.