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LETTRES FAMILIÈRES.


toit-il pas le principal ressort du gouvernement romain ? N’est-ce pas l’orgueil, la hauteur, la fierté qui a soumis l’univers aux Romains ? Il semble que l’orgueil porte aux grandes choses, et que la vanité se concentre dans les petites.

« Liv. XIX, chap. XXVII. Les nations libres sont fières et superbes, les autres peuvent plus aisément être vaines. »

Quant à la contradiction du liv. XIX, chap. IX, avec le liv. XIX, chap. XXVII, elle ne vient que de ce que les êtres moraux ont des effets différents, selon qu’ils sont unis à d’autres. L’orgueil, joint à une vaste ambition, et à la grandeur des idées, produisit de certains effets chez les Romains ; l’orgueil, joint à une grande oisiveté avec la foiblesse de l’esprit, avec l’amour des commodités de la vie en produit d’autres chez d’autres nations. Celui qui a formé les doutes a beaucoup plus de lumières qu’il n’en faut pour bien sentir ces différences, et faire les réflexions que je n’ai pas le temps de faire ici.

Il n’y a qu’à considérer les divers genres de supériorité que les hommes, suivant diverses circonstances, sont portés à se donner les uns sur les autres.

« Liv. XIX, chap. XXII. Quand un peuple n’est pas religieux, on ne peut faire usage du serment que quand celui qui jure est sans intérêt , comme le juge et les témoins. »

Sur le doute du chap. XXII, liv. XIX, il est très-honorable à un magistrat qui le forme ; mais il est toujours vrai qu’il y a des intérêts plus prochains et plus éloignés.

« Ne pourroit-on pas objecter contre les effets différents que les différents climats produisent, dans le système de l’auteur, que les lions, tigres, léopards, etc., sont plus vifs et plus indomptables que nos ours, nos sangliers, etc. ? »