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OBSERVATIONS

Ayant ensuite coupé une des branches de cet arbre, nous découvrîmes une chose à laquelle nous ne nous attendions pas : nous vîmes des vaisseaux considérables, verts comme le gui, qui, partant de la partie ligneuse du bois, alloient se rendre dans les endroits d’où sortoit chacune de ces branches ; de manière qu’il étoit impossible de n’être pas convaincus que ces lignes vertes avoient été formées par un suc vicié de l’arbre, lequel, coulant le long des fibres, alloit faire un dépôt vers la superficie. Ceci s’aperçoit encore mieux lorsque l’arbre est en sève, que dans l’hiver ; et il y a des arbres où cela paroît plus manifestement que dans d’autres. Nous vîmes, le mois passé, dans une branche de cormier chargée de gui, de grandes et longues cavités : elles étoient profondes de plus de trois quarts de pouce, allant en s’élargissant du centre de la branche, d’où elles partoient comme d’un point, à la circonférence, où elles étoient larges de plus de quatre lignes. Ces vaisseaux triangulaires suivoient le long de la branche dans la profondeur que nous venons de marquer : ils étoient remplis d’un suc vert épaissi, dans lequel le couteau entroit facilement, quoique le bois fût d’une dureté infinie : ils alloient, avec beaucoup d’autres plus petits, se rendre dans le lieu d’où sortoient les principales branches du gui. La grandeur de ces branches étoit toujours proportionnée à celle de ces conduits, qu’on peut considérer comme une petite rivière dans laquelle les fibrilles ligneuses, comme de petits ruisseaux, vont porter ce suc dépravé. Quelquefois ces canaux sont étendus entre l’écorce et le corps ligneux ; ce qui est conforme aux lois de la circulation des sucs dans les plantes. On sait qu’ils descendent toujours entre l’écorce et le bois, comme il est démontré par plusieurs expériences. Presque toujours au