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MONARCHIE UNIVERSELLE

D’autres circonstances concoururent à étendre par-tout la puissance des Papes : la terreur des excommunications, la foiblesse des grands Princes, la multiplicité des petits & le besoin qu’eut souvent l’Europe d’être réunie sous un même Chef.

Il y avoit à leur Cour moins d’ignorance que par-tout ailleurs ; & comme leurs jugemens étoient équitables, ils appellerent tout le monde à eux, tels que ce Dejocès que Ton nous dit avoir obtenu par sa justice chez les Medes la Souveraineté & l’Empire.

Mais la longueur des Schismes pendant lesquels le Pontificat sembloit se combattre lui-même, & étoit continuellement dégradé par les divers Concurrens qui ne songeoient qu’à se maintenir, fit que les Princes ouvrirent les yeux, ils examinèrent la nature de cette Puissance & la bornèrent par les côtés où elle peut recevoir des limites.

XIII

Il paroît par les Relations[1] de quelques Moines qui furent envoyés par le Pape Innocent IV au milieu du treizième siècle vers les fils de Gengiskan, que l’on craignoit dans ces tems là que[2]

  1. Voyez la Relation du Frère Jean du Plan Carpin & l’Histoire de Gengiskan, par Petis de La Croix. (M.)
  2. D’autant plus qu’elle étoit partagée en une infinité de Souverainetés. (M.)