Page:Montesquieu - Esprit des Lois - Tome 1.djvu/196

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mieres, tant de fermeté, tant de connoissances ; & on peut à peine se flatter que, d’ici à la dissolution des monarchies, il puisse y avoir un prince & des ministres pareils.

Comme les peuples qui vivent sous une bonne police sont plus heureux que ceux qui, sans regle & sans chefs, errent dans les forêts ; aussi les monarqnes, qui vivent sous les loix fondamentales de leur état, sont-ils plus heureux que les princes despotiques, qui n’ont rien qui puisse régler le cœur de leurs peuples, ni le leur.


CHAPITRE XII.

Continuation du même sujet.


QU’ON n’aille point chercher de la magnanimité dans les états despotiques ; le prince n’y donneroit point une grandeur qu’il n’a pas lui-même : chez lui il n’y a pas de gloire.

C’est dans les monarchies que l’on verra autour du prince les sujets recevoir ses rayons ; c’est là que chacun tenant, pour ainsi dire, un plus grand espace, peut exercer ces vertus qui donnent à l’ame, non pas de l’indépendance, mais de la grandeur.


CHAPITRE XIII.

Idée du despotisme.


QUAND les sauvages de la Louisiane veulent avoir du fruit, ils coupent l’arbre au pied, & cueillent le fruit[1]. Voilà le gouvernement despotique.

  1. Lettres édifiantes, recueil II, page 315.