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deroit la forme du gouvernement qui étoit établie. S’il jugeoit à propos de la garder, il nommoit un magistrat[1], tiré de son corps, qui élisoit un roi : le sénat devoit approuver l’élection ; le peuple, la confirmer ; les auspices, la garantir. Si une de ces trois conditions manquoit, il falloit faire une autre élection.

La constitution étoit monarchique, aristocratique & populaire. Telle fut l’harmonie du pouvoir, qu’on ne vit ni jalousie, ni dispute, dans les premiers regnes. Le roi commandoit les armées, & avoir l’intendance des sacrifices ; il avoit la puissance de juger les affaires civiles[2] & criminelles[3] ; il convoquoit le sénat ; il assembloit le peuple ; il lui portoit de certaines affaires, & régloit les autres avec le sénat[4].

Le sénat avoir une grande autorité. Les rois prenoient souvent des sénateurs pour juger avec eux ; ils ne portoient point d’affaires au peuple, qu’elles n’eussent été délibérées[5] dans le sénat.

Le peuple avoit le droit d’élire[6] les magistrats, de consentir aux nouvelles loix, &, lorsque le roi le permettoit, celui de déclarer la guerre & de faire la paix. Il n’avoit point la puissance de juger. Quand Tullus Hostilius renvoya le jugement d’Horace au peuple, il eut des raisons particulieres, que l’on trouve dans Denys d’Halicarnasse[7].

La constitution changea sous[8] Servius Tullius. Le


  1. Denys d’Halicarnasse, liv. II, pag. 120 ; & liv. IV, pag. 242 & 243.
  2. Voyez le discours de Tanaquil, dans Tite Live, liv. I, décade I ; & le réglement de Servius Tullius, dans Denys d’Halicarnasse, liv. IV, pag. 229.
  3. Voyez Denys d’Halicarnasse, liv. II, p. 118 ; & liv. III, pag. 171.
  4. Ce fut par un sénatus-consulte, que Tullus Hostilius envoya détruire Albe. Denys d’Halicarnasse, liv. III, p. 167 & 172.
  5. Ibid. liv. IV, pag. 276.
  6. Ibid. l. II. Il falloit pourtant qu’il ne nommât pas à toutes les charges, puisque Valérius Publicola fit la fameuse loi qui défendoit à tout citoyen d’exercer aucun emploi, s’il ne l’avoit obtenu par le suffrage du peuple.
  7. Liv. III, pag. 159.
  8. Liv. IV.