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ressemblent toujours. Dans les premiers pays, rien ne peut être caché, parce que le ravisseur porte toujours avec lui des preuves de sa conviction : cela n’est pas de même dans les autres.


CHAPITRE XVII.

Des loix politiques, chez les peuples qui n’ont point l’usage de la monnoie.


CE qui assure le plus la liberté des peuples qui ne cultivent point les terres, c’est que la monnoie leur est inconnue. Les fruits de la chasse, de la pêche, ou des troupeaux, ne peuvent s’assembler en assez grande quantité, ni le garder assez, pour qu’un homme se trouve en état de corrompre tous les autres : au lieu que, lorsqu’on a des signes de richesses, on peut faire un amas de ces signes, & les distribuer à qui l’on veut.

Chez les peuples qui n’ont point de monnaie, chacun a peu de besoins, & les satisfait aisément & également. L’égalité est donc forcée : aussi leurs chefs ne sont-ils point despotiques.


CHAPITRE XVIII.

Force de la superstition.


Si ce que les relations nous disent est vrai, la constitution d’un peuple de la Louisiane, nommé les Natchés, déroge à ceci. Leur chef[1] dispose des biens de tous ses sujets, & les fait travailler à sa fantaisie ; ils ne peuvent lui refuser leur tête ; il est comme le


  1. Lettres édifiantes, vingtieme recueil.