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choses bien éloignées du caractère et du génie persan. C’est bien la même terre qui nous porte tous deux ; mais les hommes du pays où je vis, et ceux du pays où tu es, sont des hommes bien différents.

De Paris, le 4 de la lune de Rebiab 2, 1712.


LETTRE XXV.

USBEK À IBBEN.
À Smyrne.


J’ai reçu une lettre de ton neveu Rhédi : il me mande qu’il quitte Smyrne, dans le dessein de voir l’Italie ; que l’unique but de son voyage est de s’instruire, et de se rendre par là plus digne de toi. Je te félicite d’avoir un neveu qui sera quelque jour la consolation de ta vieillesse.

Rica t’écrit une longue lettre ; il m’a dit qu’il te parloit beaucoup de ce pays-ci. La vivacité de son esprit fait qu’il saisit tout avec promptitude ; pour moi, qui pense plus lentement, je ne suis en état de te rien dire.

Tu es le sujet de nos conversations les plus tendres : nous ne pouvons assez parler du bon accueil que tu nous as fait à Smyrne, et des services que ton amitié nous rend tous les jours. Puisses-tu, généreux Ibben, trouver partout des amis aussi reconnaissants et aussi fidèles que nous !

Puissé-je te revoir bientôt, et retrouver avec toi